Trop de comment ?, pas assez de pourquoi ? en management. Pourtant les neuroscientifiques ont désormais des éléments de réponse crédibles susceptibles de modifier les croyances et répondre aux questions.
Dans mon activité d’enseignant et de formateur en management par les neurosciences, je commence toujours par un tour de table des participants. 75% des participants souhaitent découvrir et expérimenter des outils, c’est-à-dire répondre à la question « Comment ? ». « Comment faire en situation de conflit ? », « Comment mieux communiquer ? », « Comment constituer une équipe performante ? », « Comment gérer son stress ? »…
Très peu d’étudiants et de stagiaires me demandent initialement « Pourquoi ? » alors que cette question appliquée au domaine du management est sans aucun doute beaucoup plus riche d’enseignement…
Tous les parents le savent, les enfants qui découvrent le monde n’ont qu’une question à la bouche, « Pourquoi ? ». « Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi les oiseaux chantent ? Pourquoi …? ». C’est toujours une épreuve difficile par la répétition et aussi parce que nous, adultes, n’avons pas toutes les réponses. Il est vrai que cela fait longtemps que nous avons cessé de nous poser ce type de question, témoignage mélangé de curiosité et d’émerveillement. Cela veut dire que nous avons, malgré nous, créé une représentation du monde qui structure notre esprit et forge nos croyances.
En management, la période de curiosité et d’émerveillement est laminée par l’impérative nécessité de résoudre de nombreux problèmes. « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille » pour reprendre les mots d’un président à la retraite. On n’en est plus à comprendre pourquoi le bateau coule, mais à écoper ou à colmater. Le « Comment » revient souvent, en management, à apprendre à surnager.
Le pourquoi, ou réenchanter manager et management
Ma formation, qui utilise les neurosciences, se distingue des formations habituelles en management en travaillant en premier sur le « Pourquoi ». Pourquoi nous ne percevons-nous pas la même réalité ? Pourquoi certains raisonnements sont totalement erronés ? Pourquoi l’intelligence émotionnelle est-elle si importante ? Enfin, pourquoi le manager est indispensable (et à quoi sert-il) ? À ces questions, les neuroscientifiques ont désormais des éléments de réponse crédibles qui sont susceptibles de modifier les croyances.
En particulier, une croyance bien ancrée revient souvent : « L’enfer, c’est les autres ! » (J.-P. Sartre). En neuroscience, c’est clairement une double contrevérité : d’une part, nous nous créons notre propre enfer par une représentation subjective de la réalité ; d’autre part, la relation à l’autre est indispensable à de nombreux processus vitaux dont la coopération et l’apprentissage.
Les biais cognitifs facteurs de réception du pourquoi
Le questionnement personnel du « pourquoi » est tout à fait essentiel à la posture qui imprime une nécessaire bienveillance, surtout lorsque l’on a compris l’importance des biais cognitifs. Cette question est aussi le moteur qui alimente la curiosité et la persévérance nécessaires à l’apprentissage des très nombreux outils de management et de développement personnel.
Découvrir le « pourquoi » n’est pas seulement une interrogation à destination d’un public de spécialistes. Par exemple, à Paris, une exposition temporaire du palais de la Découverte sur les illusions d’optique offre une première opportunité de se questionner. À Amsterdam, un étage complet du musée des sciences NEMO est dédié à la découverte des neurosciences.
Finalement, en fin de session, je demande toujours aux participants de faire une évaluation à chaud. 98% des participants sont satisfaits et 50% trouvent la formation trop courte (statistique sur les 24 mois précédents), ce qui est encourageant.
La promesse du « pourquoi » ? Réenchanter le manager et le management. Ce questionnement nous rappelle que nous, homo sapiens, sommes à la fois extraordinairement limités et en même temps tout à fait exceptionnels.