A l’heure de l’intelligence artificielle, bien comprendre les neurosciences cognitives se révèle déterminant pour aider à faire passer le message d’un discours qui va être de plus en plus fréquemment généré par la machine.
Au cours d’une formation en neurosciences cognitives auprès d’étudiants de l’ESTIA (cursus ingénieur), il leurs a été demandé de rédiger un petit discours à l’attention d’une équipe pour un bilan de fin d’année. A l’heure de l’intelligence artificielle, et de la baisse du niveau de français (!), les étudiants se sont jetés sur ChatGPT pour réaliser leur travail. Quelle a été la conséquence de cette action aux yeux du formateur ?
Chaque discours a été somme toute bien organisé, doté d’une bonne structure, d’un plan concret et des bons éléments (c’est-à-dire ceux indiqués dans les consignes de rédaction du discours). Cependant, les rendus étaient très proches, tant dans les mots que dans les tournures de phrase, et tout cela manquait singulièrement d’originalité.
Force est de constater que grâce à l’IA, la compétence de rédaction est devenue plus accessible que jamais. Pour autant, la véritable efficacité d’un discours ne se mesure pas seulement à sa cohérence ou à sa logique, mais également à sa capacité à transmettre des émotions et à captiver l’audience.
« Dans la communication directe, les mots ne représentent que 7%. La communication non verbale reste donc à finaliser ! »
Tanguy Massart, expert en neurosciences cognitives appliquées au management
L’émotion et la conviction
Bien que l’intelligence artificielle générative puisse créer des discours convaincants sur le plan syntaxique, il lui manque une compréhension profonde des émotions humaines et des subtilités propres à la communication non verbale. Les discours générés par des machines peuvent manquer d’authenticité et de la capacité à établir une connexion émotionnelle avec l’audience. Le manager doit être aujourd’hui capable de transmettre des émotions à travers un compte-rendu qui n’est pas le sien.
La rédaction d’exposés est un art complexe qui va au-delà de la simple création de textes. Pour transmettre efficacement des émotions lors des discours, il est essentiel de comprendre les mécanismes du cerveau humain et les techniques de communication émotionnelle. Les neurosciences offrent un cadre précieux pour développer ces compétences, permettant aux managers orateurs de créer des discours qui captivent et inspirent leur public.
Une nouvelle compétence devient nécessaire : de simple orateur, le manager devient comédien et acteur, apportant émotion et conviction dans un discours qu’il n’a pas lui-même réellement rédigé.
Notre formation en neurosciences contient un module de performance artistique destiné à se consacrer uniquement à la transmission des émotions. Nous-mêmes appliquons cette technique en proposant entre autres un atelier de formation animé par un homme de Cro-Magnon manager de 21000 ans.
Le développement de l’intelligence émotionnelle
De plus, j’encourage à développer cette compétences en pratiquant toute forme d’expression artistique, du théâtre, du chant, de la musique ou encore de la danse. Ceci afin de s’assurer que cette dimension émotionnelle ne reste pas au fond du placard personnel mais sert aussi à l’efficacité professionnelle du manager.
Cette intelligence émotionnelle n’est pas un talent inné, comme on le pense souvent (en France). C’est une compétence qui se développe dans le temps et avec la pratique. Et d’ailleurs les étudiants y prennent un grand plaisir, même si c’est toujours stressant de s’exposer ainsi.
Enfin, pour être utilitariste, il est connu que la prise en compte des émotions dans l’entreprise est tout à fait vital, que ce soit pour la motivation et l’engagement, la créativité ou encore l’accompagnement au changement.
Pour conclure, pour devenir un manager performant, faites vibrer les émotions et assurez le spectacle !