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Conflits géopolitiques : Pourquoi le cerveau apprécie le doute et l’incertitude

Les neurosciences cognitives valorisent le doute et l'incertitude

Dans le contexte actuel, marqué par une surabondance d’informations et une pression sociale à avoir un avis tranché sur tout, il peut être tentant de se positionner rapidement sur des sujets complexes tels que le conflit au Proche-Orient ou la guerre en Ukraine. Cependant, les neurosciences cognitives nous invitent à adopter une approche différente, valorisant le doute et l’incertitude.

Le biais de confirmation : un piège pour notre pensée

Le biais de confirmation est un phénomène bien documenté en psychologie cognitive. Il désigne notre tendance à privilégier les informations qui confirment nos croyances préexistantes et à ignorer ou minimiser celles qui les contredisent

Ainsi, lorsque nous avons un avis tranché sur un sujet, nous sommes plus susceptibles de chercher et de retenir les informations qui le soutiennent, au détriment d’une vision plus nuancée et objective de la situation. Un exemple frappant de ce biais peut être observé dans les débats politiques, où chaque camp tend à chercher des preuves qui soutiennent ses propres positions, tout en ignorant ou en minimisant les arguments contraires.

L’incertitude et le doute : des alliés pour notre cerveau

Loin d’être des signes de faiblesse ou d’indécision, l’incertitude et le doute sont en réalité bénéfiques pour notre cerveau. Ils nous incitent à chercher plus d’informations, à questionner nos croyances et à envisager différentes perspectives. Cela favorise une pensée plus critique et flexible, essentielle pour comprendre des situations complexes et changeantes.

De plus, l’incertitude stimule notre curiosité et notre créativité, deux facteurs clés pour l’apprentissage et l’innovation. Elle nous pousse à sortir de notre zone de confort et à explorer de nouvelles idées et possibilités

Face à une question complexe comme le conflit au Proche-Orient, l’incertitude peut nous inciter à chercher à comprendre les différentes facettes du problème, plutôt que de nous contenter d’une réponse simpliste.

Le débat contradictoire : un outil pour rester en lien

Le débat contradictoire est une pratique essentielle pour stimuler notre pensée critique et maintenir des liens avec les autres. Il offre une plateforme pour confronter nos idées à celles des autres, les remettre en question et les affiner. C’est une occasion d’apprendre et de grandir, tant sur le plan personnel que professionnel.

Le débat contradictoire peut également jouer un rôle crucial dans le maintien des liens sociaux. En effet, il offre une occasion de partager des idées et des expériences, de développer l’empathie et la compréhension mutuelle, et de renforcer les liens de confiance et de respect. Dans le domaine du management en entreprise, cela peut être particulièrement bénéfique dans des contextes tels que le travail d’équipe, où une bonne communication et une compréhension mutuelle sont essentielles pour la réussite du groupe

Cependant, pour que le débat contradictoire soit véritablement bénéfique, il est important qu’il soit mené de manière respectueuse et constructive. Cela implique d’éviter les attaques personnelles, de rester ouvert aux idées des autres, et de chercher à comprendre plutôt qu’à convaincre. De cette façon, le débat contradictoire peut devenir un outil précieux pour stimuler la pensée critique, favoriser l’apprentissage et maintenir des liens sociaux solides.

Prendre position peut nous entraîner dans le triangle dramatique

La prise de position peut nous entraîner dans le triangle dramatique de Karpman, un concept issu de l’histoire des sciences humaines. Ce triangle est un scénario psychologique qui se déroule entre trois personnages : la Victime, le Persécuteur et le Sauveteur. Dans ce scénario, une personne se présente comme une victime, désigne un agresseur et invite une troisième personne (vous, dans ce cas) à prendre parti pour faire justice. En réagissant, vous vous transformez en agresseur du supposé agresseur, qui se retrouve alors en position de victime. C’est ainsi que le triangle dramatique de Karpman est établi.

Pour éviter cette escalade conflictuelle, il est préférable de ne pas chercher des coupables, mais plutôt d’aider à trouver des solutions entre les parties. C’est précisément le rôle des pays médiateurs dans les conflits géopolitiques. Dans le contexte de l’entreprise, c’est également la tâche du management, qui peut être aidé dans cette tâche par les neurosciences

Il est important de noter que le triangle de Karpman n’est pas seulement applicable aux conflits interpersonnels, mais peut également être utilisé pour comprendre les dynamiques de groupe et les conflits géopolitiques. En comprenant les rôles de Victime, Persécuteur et Sauveteur, nous pouvons mieux comprendre comment les conflits se développent et comment ils peuvent être résolus.

Manager, ne cédez pas à la facilité, sachez résister à la tentation de prendre parti !

Tanguy Massart


Références sur le sujet

Kahneman, D. (2011). Thinking, Fast and Slow. Farrar, Straus and Giroux.

Oettingen, G. (2014). Rethinking Positive Thinking: Inside the New Science of Motivation. Current.

Tavris, C., & Aronson, E. (2007). Mistakes Were Made (But Not by Me): Why We Justify Foolish Beliefs, Bad Decisions, and Hurtful Acts. Harcourt.

Taleb, N. N. (2007). The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable. Random House.

Kerdellant C. (2016), Ils se croyaient les meilleurs…Histoire des grandes erreurs de management, Denoël.