« Ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même », une bonne idée pas si facile à mettre en œuvre… Découvrons ensemble l’intérêt et les apports des neurosciences à ce sujet.
La procrastination, qu’est-ce que c’est ?
La procrastination, c’est l’habitude de reporter inutilement une tâche ou une activité. Bien entendu, il arrive d’être obligé de reporter les choses que l’on a à faire : gestion des urgences, changement des priorités, voire nécessaire adaptation dans un contexte fluctuant, nombreuses sont les raisons réelles qui nous poussent à reporter : nous ne sommes pas tous des super procrastinateurs !
Le sujet devient un problème lorsque ce mécanisme de report s’inscrit dans une habitude. Car s’agissant d’une habitude, notre cerveau est beaucoup plus persuasif pour nous mener, de manière plus ou moins consciente, vers ce report systématique.
Procrastination et neurosciences cognitives
Cette thématique sur la procrastination fait partie de la formation « Réorganiser son travail grâce à l’apport des neurosciences » dispensée par Insphere – Neurosciences et management – à des cadres dans des organismes publics.
Les neurosciences appliquées à un cas pratique
Prenons un cas de figure tout à fait fictif : un étudiant rentre de son université le soir dans son petit logement en centre-ville. Il doit réviser les cours du jour et même de la veille afin de consolider ses connaissances mais, au lieu de cela, il commence par regarder une bonne heure ses réseaux sociaux puis enchaîne le repas et enfin fait une soirée télé ou bar entre copains. Cette pratique est désormais tellement ancrée qu’il lui est insurmontable de réviser en rentrant… Aux dernières nouvelles, il est en rattrapage après avoir « potassé » ses examens l’avant-veille des épreuves.
En tant qu’expert en neurosciences appliquées au management, quels conseils pourrions nous lui apporter ?
En premier lieu, il importe de situer la tâche (ici les révisions) dans le contexte d’un objectif plus large, par exemple obtenir son diplôme en psychologie cognitive ou encore faire carrière en tant que chercheur à l’Institut Pasteur. Cette mise en perspective permet de créer une motivation plus durable et un engagement plus stable.
En second lieu, il nous faut traiter de cette habitude qui peut lui empêcher d’atteindre ses propres objectifs.
L’habitude doit être identifiée en tant que telle : il ne s’agit pas de culpabiliser (« je ne suis pas assez volontaire ») ni de minimiser le problème (« Demain, je m’y mets »). Notre cerveau est beaucoup plus fort qu’on ne le croit généralement et il faut mettre en place un véritable stratagème.
Déclencheur, routine et récompense
Selon C. Duhigg, l’habitude a toujours 3 composantes : un déclencheur, une routine et une récompense.
Le déclencheur
Le déclencheur peut être une heure, un lieu, une circonstance qui se répète, un état émotionnel par exemple.
La routine
La routine est précisément l’habitude que l’on veut modifier.
La récompense
Enfin, il y a une récompense : se nourrir, se comparer aux autres et affirmer son statut social, économiser ses efforts, capter des informations pour ne citer que les principaux. Tout cela libère dans notre cerveau la dopamine qui guide littéralement notre comportement.
Cette habitude de report se produit dans des circonstances identiques : lorsque l’on rentre dans son logement, on se retrouve avec le même lieu, la même heure et sans doute le même état émotionnel (la lassitude), un fabuleux cocktail pour déclencher une habitude. Puis il faut également identifier une récompense ? Le jeu, la sortie, les réseaux sociaux, autant de récompenses bien alléchantes pour le cerveau.
Ayant identifié cette routine, il s’agit d’être plus malin que son cerveau.
Pour le déclencheur, une solution serait de rester réviser à la bibliothèque universitaire, ou encore chez un ami qui doit également réviser. Ou encore de déplacer son bureau, mettre de la musique pour travailler (certains utilisent de la musique rythmée tandis que d’autres utilisent des bruits blancs ou de la nature). Certains essayent de réviser le matin plutôt que le soir tout en préservant le temps de sommeil.
Pour la récompense, on peut aussi se récompenser après avoir révisé, par exemple faire au moins 45 minutes de révision avant d’ouvrir son téléphone, ou encore 1h30 avant de sortir avec les amis. Mais on peut aussi s’octroyer le carré de chocolat, le jus d’orange ou tout autre moyen de se récompenser.
Enfin, on peut utiliser avantageusement l’effet de groupe en se motivant à plusieurs, ou encore en se coachant mutuellement, chacun aidant l’autre à atteindre ses objectifs.
« Restez fidèle à vos objectifs, et déjouez le cerveau de la procrastination ! »
Finalement, il faut rester réaliste. Et toujours décider de s’y mettre un petit quart d’heure au moins. En effet, le cerveau subit à plein le biais de l’engagement et tend à s’acharner à une tâche qui n’est pas finie… Le quart d’heure va sans doute durer plus longtemps sans s’en rendre compte.
Bref, restez plus malin que votre cerveau !