Le cours du pin maritime peut-il détruire l’industrie de la filière bois d’Aquitaine ? – et pourquoi les neurosciences peuvent aider l’industrie à anticiper les changements.
Après la dernière vente publique ONF du 18 octobre 2018 qui indique une augmentation du prix de 41% en 2 ans, les prix du pin maritime en qualité de bois d’œuvre sont désormais à des niveaux historiquement hauts. Ce qui n’était qu’un scénario possible à la sortie de la tempête Klaus est désormais une réalité.
Pourtant, si l’on s’intéresse au cours des autres matières premières, elles ont pratiquement toutes subi de telles variations après de très nombreuses décennies de calme plat.
Métaux ou bois : même phénomène d’envolée des prix
Par exemple, indice des prix des métaux de 1994 à 2018, source www.indexmundi.com on voit nettement que les cours sortent d’un tunnel en 2004.
Cela provient de 3 points :
- Démographie et augmentation du niveau de vie (consommation de plus de matières premières au niveau mondial)
- Mondialisation (et circulation plus facile des marchandises)
- Crises (climatiques, géopolitiques, sanitaires)
Si certains acteurs pensent que la situation est ponctuelle et va revenir à la normale, force est de constater qu’aucun cours de matière première ne connait de stabilité, car les causes d’instabilité demeurent au niveau mondial. Il est évident que de nombreuses autres filières industrielles, utilisatrices de matières premières, ont dû faire face au même type de changement que la filière bois d’Aquitaine actuelle.
Les neurosciences ou l’art de prendre des risques dans l’industrie
Les neurosciences nous enseignent que nos décisions sont plus émotionnelles que rationnelles.
- Le sylviculteur peut voir des cours varier de 200% en un an. Comment la sylviculture qui investit sur de nombreuses années va s’adapter à cette nouvelle réalité ?
- L’industriel bois d’Aquitaine et d’ailleurs doit sortir de sa « zone de confort » pour faire des tentatives (risquées) de diversification et d’innovation afin d’être moins sensible aux cours d’achat. Comment surmonter de nombreuses résistances au changement en interne et en même temps améliorer la prise de décision ?
Richard THALER, prix Nobel d’économie en 2017, est spécialiste en Économie comportementale. En appliquant des principes de neurosciences, il redéfinit le comportement des acteurs économiques comme étant soumis à de très nombreux biais cognitifs. Par exemple, nous avons une perception de prix différente de la valeur intrinsèque d’un bien : concrètement, un investisseur (sylviculteur) peut être amené à penser que son action vaut plus cher que la valeur de marché, retardant ainsi sa vente et perdant ainsi le bénéfice de la plus-value. Autre exemple, nous avons une aversion naturelle au risque et choisissons l’option qui est la moins risquée : ceci peut être dramatique pour une industrie qui doit changer de modèle économique dans une mutation de marché.
Finalement, la filière bois d’Aquitaine est sous la pression d’un changement de paradigme ; les cours historiquement stables vont devenir erratiques à la hausse pour le moment, en volatilité ensuite. Il est urgent de se former au management en neuroscience en général et à l’économie comportementale en particulier afin de surmonter au mieux ce qui s’annonce comme une nouvelle crise.