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Biais cognitifs  : êtes-vous aussi intelligent que Trump ?

Biais cognitifs et intelligence Trump

Biais cognitifs  : êtes-vous aussi intelligent que Trump ?

A l’occasion des midterm américaines, élections à mi-mandat de Donald Trump, retour sur une conférence donnée en mai dernier sur les biais cognitifs et finalement brûlante d’actualité, à l’heure où certains doutent de l’intelligence du Président américain.

 

Dernièrement, en tant que spécialiste en ce domaine j’animais une conférence illustrant les neurosciences dans le cadre de la fabrique du changement à Bordeaux. Le thème était : « êtes-vous aussi intelligent que Trump ? »

Trump est beaucoup critiqué pour son comportement, son éthique, ses frasques, y compris aux États unis, à tel point qu’une pétition a demandé à évaluer sa santé mentale. De manière assez surprenante, Trump a accepté de passer un test cognitif appelé MOCA (Montreal Cognitive Assessment) créé en 1996 par Ziad Nasreddine pour repérer les troubles cognitifs.

Première conclusion : les résultats rendus publics ont montré que le président Trump était, du point de vue du test, parfaitement normal ayant obtenu 30 points sur 30.

Les neurosciences permettent-elles d’analyser le niveau d’intelligence ?

Un intérêt de Trump est sa très nombreuse correspondance via Twitter (jusqu’à 88 tweets en une journée) qui donne une possibilité d’analyser sa façon de raisonner (ou du moins de communiquer son raisonnement).

1er point marquant, sa remarquable constance sur les raisonnements. Par exemple, des sujets comme le réchauffement climatique, les problèmes d’importation, de taxe, la manipulation de l’information sont traités de la même façon depuis de nombreuses années.

2ème point marquant, les erreurs de raisonnement s’apparentent à des biais cognitifs assez courants. Citons 4 biais courants chez Trump :

  • Trump communique un excès de confiance à faire pâlir Monsieur Coué.
    • Désolé les perdants et les rageux, mais mon QI est l’un des plus élevés – et vous le savez tous ! S’il vous plait, ne vous sentez pas stupide ou peu sûr de vous, ce n’est pas votre faute.

 

  • Le président utilise systématiquement des stéréotypes pour représenter les personnes.
    • Encore une fois un immigrant illégal est accusé d’avoir tué à coups de matraque une femme de 64 ans, merveilleuse et aimée de tous. Dégagez-les et construisez un MUR !

 

  • Chaque information qui infirme son raisonnement est reprise, toute information contradictoire est niée.
    • Il neige en Israël et sur les pyramides d’Égypte. Sommes-nous encore en train de gaspiller des milliards dans cette arnaque de lutte contre le réchauffement climatique ? RENDEZ LES ÉTATS-UNIS COMPÉTITIFS !

  • Il trouve des causalités là où il n’y en a pas
    • Si les écoles sont des zones exemptes d’armes à feu, la violence et le danger y reçoivent une invitation ouverte à entrer. Presque toutes les fusillades dans les écoles ont lieu dans des zones exemptes d’armes à feu. Les lâches n’iront que là où il n’y a pas de force de dissuasion.

Du cas Trump au management dans l’entreprise

Bien entendu, on peut déjouer les biais cognitifs, mais l’instabilité très forte dans l’équipe de Trump laisse penser que personne n’est en mesure de jouer un contrepouvoir. L’affaire se complique d’autant que, sur certains points précis et en particulier économiques, les mesures-chocs ont provoqué un taux de croissance très haut et le plein emploi, laissant penser que la méthode est bonne sur tous les sujets (c’est l’effet de halo). À l’inverse, le manque de temps, l’absence de sens, l’excès d’information et la nécessité de réagir vite vont accroitre l’apparition de raisonnements biaisés. Croire que Trump est le seul individu soumis à des biais serait un contresens biologique, tout être humain fait des raccourcis de raisonnement en permanence.

D’où une deuxième conclusion, Trump est sans doute réellement un individu normal. Sa demi-victoire aux midterm va renforcer Trump et ses partisans dans leur propre raisonnement et les éloigner un peu plus d’une prise de recul nécessaire à la clairvoyance sur certains raisonnements erronés.

Cette situation n’est-elle pas courante dans les entreprises ? Ne voit-on pas des collaborateurs de tout niveau commettre des erreurs de raisonnement ? Chacun a son poste est-il pleinement conscient des erreurs de perception et de raisonnement qu’il commet ?

Enfin, comment la situation évoluerait si Trump – et tous les cadres  – se formait au management par les neurosciences ?

Finalement, l’erreur est humaine, seule la position dans la hiérarchie la rend dangereuse… heureusement, tout le monde n’a pas possibilité de déclencher une frappe thermonucléaire !